Des avancées au plan politique et sur le terrain pour la protection des forêts en Côte d’Ivoire

La forêt de la Côte d’Ivoire, autrefois primaire et dense, est désormais devenue une mosaïque de forêts secondaires, de plantations de cultures de rente, de cultures vivrières et de terres en jachère. Selon le BNETD, le couvert forestier représente 11% du territoire national avec un taux de déforestation de 2,69% entre les années 2000 et 2015, soit 100 000 ha environ de perte de couverture forestière par an. Les forêts jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique, la régulation du climat local et régional et la fourniture d’autres services écosystémiques qui soutiennent la résilience du secteur agricole et les moyens de subsistance des populations.

Le gouvernement ivoirien prend donc la question de la déforestation au sérieux et s’est fixé comme objectif très ambitieux de restaurer la couverture forestière à 20% du territoire national. Il a développé en 2018 une nouvelle politique nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts, qui précise les grands axes adoptés par le gouvernement pour gérer ses réserves forestières en impliquant  les populations et le secteur privé. La stratégie qui en découle a été présentée aux parties prenantes lors d’une réunion dédiée organisée à Abidjan le 28 février dernier. La stratégie sera par la suite présentée par le Ministre des Eaux et Forêts, Monsieur Alain Richard Donwahi, au gouvernement en Conseil des Ministres pour son adoption.

En outre, la Côte d’Ivoire s’est également engagée pour préserver et restaurer les forêts par la signature en novembre 2017, du Cadre d’Action Commune de l’Initiative Cacao et Forêts visant à éliminer la déforestation de la chaîne d’approvisionnement du cacao.

Par ailleurs, le gouvernement a également élaboré un Projet de Loi portant Code Forestier, qui établira les principes d’une nouvelle stratégie de gestion de ses réserves forestières. Ce Projet de Loi a été adopté par le Gouvernement lors du conseil des Ministres du 30 janvier 2019 et sera soumis à l’Assemblée nationale pour adoption lors de sa prochaine session qui s’ouvre en avril 2019, avant sa promulgation par le Président de la République.

Au stade actuel, la politique nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts et le nouveau code forestier créent un environnement favorable à la mise en œuvre de l’Initiative Cacao et Forêts. En effet, ils adressent certaines questions qui représentaient jusque-là des contraintes majeures pour la préservation, la réhabilitation et l’extension des forêts, notamment (i) la propriété de l’arbre (activités d’agroforesterie), (ii) la gestion différentielle des forêts (catégorisation des forêts classées en fonction de leur niveau de dégradation), et (iii) l’implication du secteur privé dans la réalisation d’activités d’aménagement des forêts classées.

Parallèlement au processus politique, des actions concrètes ont démarré sur le terrain afin de lutter contre la déforestation. Une brigade spéciale d’intervention et de surveillance (BSSI), composée d’agents formés par les forces spéciales de l’armée ivoirienne, a été créée en février 2019. Son action couvre le renseignement (notamment la collecte d’informations) et l’intervention. Ses activités portent sur la reconnaissance, le renseignement, le contrôle dans des dépôts de bois, les patrouilles dans les régions, la vérification d’informations dans des unités industrielles ciblées, ou encore l’appui aux postes forestiers. A ce jour, des interventions ont eu lieu à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Ferké, Korhogo, Bouaflé, Gagnoa, Séguéla et Odienné, et ont porté sur l’interpellation de scieurs clandestins de bois d’œuvre, l’interception de camions transportant du bois coupé illégalement, la récupération et destruction de machine de coupes de bois dans les forêts. A terme, la BSSI comptera 300 agents d’intervention et disposera de drones afin d’accroître ses capacités d’intervention et de surveillance.

Concernant la cartographie, un nouvel outil de surveillance et de collecte d’images via satellite a été réceptionné par le Ministère des Eaux et Forêts. Cet outil développé par VividEconomics (IMAGE) en collaboration avec le Ministère du Plan et du Développement couvre la zone du sud-ouest de la Côte d’Ivoire à titre de pilote, permet de collecter des informations sur l’état des forêts, et fournit des informations à la BSSI et aux autres parties prenantes en vue de cibler leurs interventions dans cette zone.